MOT DU REVEREND PERE RECTEUR,
MACAIRE MANIMBA MANE, omi

Bien chers amis,

Je prends la parole le premier pour vous saluer tous et vous dire que le 8 mars est célébrée comme chaque année la Journée internationale des femmes. C’est l’occasion d’une parenthèse souriante dans une actualité dominée malheureusement par la guerre en Ukraine mais aussi au Yémen et dans la partie orientale de la République Démocratique du Congo. Je voudrais que la journée d’aujourd’hui, au-delà de sa dimension festive, ne nous fasse pas perdre de vue notre devoir de solidarité envers toutes les personnes innocentes qu’une guerre injustement imposée a jeté sur le chemin de l’exil.

Bien chers amis,

En cet instant particulier et béni, nous voulons, comme communauté universitaire, porter notre regard sur les avancées et les reculs de la condition féminine dans le monde et découvrir autour de nous quelques beaux portraits de femmes méritantes autant que méconnues. Les femmes méritantes ? Nous en comptons des millions en RD Congo, à commencer par nos mères qui nous ont porté pendant des mois dans leurs seins et de qui nous avons appris à parler. Au milieu de nous, ici à l’Université de Mazenod, il y a aussi des dizaines de ces femmes méritantes, qui se démarquent dans tout ce qu’elles entreprennent. Ce sont les femmes enseignantes qui, sans se lasser, s’adonnent à la recherche et à l’enseignement ; ce sont aussi les jeunes étudiantes décomplexées qui bossent dur pour construire patiemment leur avenir professionnel. A ces jeunes élégantes étudiantes je dis : vous êtes responsables de ce que vous serez demain. Ne vous souciez pas trop de ce qu’en disent les autres sur vous. Forgez plutôt vos armes pour que demain votre travail ou votre business vous aide à décider librement ce que vous voudrez faire de votre vie de femme, Dieu aidant. Fixez vos objectifs et travailler sans trêve à les atteindre.

A vrai dire, les femmes méritantes sont celles qui savent s’assumer en tant que telles parce qu’elles ne veulent pas trop attendre des autres. Car depuis des décennies, sans attendre l’autorisation des hommes nostalgiques, elles se sont battues parfois seules pour obtenir une totale égalité de droits, notamment l’égalité dans le mariage et le divorce, l’égalité de droits au travail qui semblent aujourd’hui aller de soi malgré certaines réticences et pesanteurs culturelles.

Bien chers amies, enseignantes et étudiantes de l’Université de Mazenod,

Je voudrais également vous dire ceci : souvent le monde n’est pas ce que l’on en voit. Femmes africaines et cultivées, ne vous faites pas trop d’illusions sur la vie. La société dite moderne, encore dominée par les hommes, peut aller loin dans sa démagogie en vous promettant même la moitié de la lune – fausse promesse. Si, par malheur, vous abandonnez la lutte pour l’égalité de droits, si vous ne travaillez pas personnellement et collectivement à votre propre autonomisation, vous ne pourrez tout simplement pas jouer pleinement le rôle qui vous revient dans le nouvel ordre mondial qui se dessine et pointe à l’horizon.

Je crois fermement que le monde de demain ne sera pas forcément dominé par l’Occident comme au siècle passé. Ce monde occidental, on le voit chaque jour, est en perte de vitesse. Il fait aujourd’hui face à la chute de la natalité, qui entraîne un vieillissement très important de ses populations, avec la perspective d’une diminution rapide. En effet, sur environ 200 Etats enregistrés à l’ONU, une cinquantaine (20 %) appartiennent à l’Europe et ne rassemblent désormais que 10 % de la population mondiale pendant que la Chine et l’Inde rassemblent à elles seules 35 % des humains. Au milieu du XXIe siècle quand les sexagénaires actuels ne seront plus là, la destinée de l’humanité  sera entre les mains des enfants nés aujourd’hui. Or, ceux-ci sont très majoritairement établis en Afrique subsaharienne et sur le pourtour de l’océan Indien.

C’est dire, en d’autres termes, que vous, jeunes femmes d’aujourd’hui, êtes comptées parmi les hommes et les femmes qui devront participer à la construction du nouvel ordre mondial à venir par vos talents, vos compétences mais aussi, pourquoi pas par les enfants que plusieurs d’entre vous pourront mettre au monde. C’est pourquoi je vous exhorte, mes sœurs, à considérer l’université comme un lieu de reconquête, ouvert à la multiculturalité et à la mixité qui est une des valeurs autour desquelles nous construisons notre projet éducatif à l’Udmaz.

Où que vous soyez, n’hésitez pas à montrer patte blanche, c’est-à-dire à démontrer que vous êtes capables de prouver votre identité de femme et d’afficher votre personnalité contre certains préjugés qui ont tendance à vous ramener vers le bas. Car, à l’instar de nos mères, vous méritez d’être connues et respectées. Que ça soit ici à l’Université de Mazenod ou ailleurs, nous vous comptons parmi les femmes méritantes qui, de façon autonome, travaillent à la construction d’un monde plus fraternel et plus juste. En attendant, comptez sur nous pour réaliser vos projets de vie.

Et que la fête commence. Je vous remercie.